La fée Clotilde

Ta gueule Thérèse!

Voilà… je n’avais jamais baptisé ma peur, celle qui m’enchaîne, m’empêche d’avancer, me fait regarder la vie avec mes mauvaises lunettes, m’empêche de m’élancer, de créer, de sortir de ce qu’il est commun d’appeler ma « zone de confort » (aussi inconfortable soit-elle, d’ailleurs…).

Et bien, c’est fait! Le baptême a eu lieu, inspiré par l’héroïne du dessin animé Vaïana et son mot d’ordre « silencio Bruno! »;

Ma peur s’appellera dorénavant Thérèse; le mot d’ordre pour la faire taire sera « ta gueule, Thérèse! »

Pourquoi « Thérèse »? Je n’en sais fichtrement rien… sûrement le côté suranné de ce prénom, légèrement compassé; 

Thérèse… j’imagine une petite femme assise si sagement sur sa chaise, jupe droite, grise et austère, chemisier boutonné jusqu’en haut, cheveux rassemblés en un chignon sévère, jambes et pieds joints… Très préoccupée par l’idée que rien de fâcheux n’arrive…

Tout à fait l’image que je me fais de ma peur!

Si je l’observe attentivement, je peux voir que je suis reliée à elle par une sorte de lien qu’elle utilise pour me protéger le plus efficacement possible; Ainsi, au moindre danger, ou plutôt à la moindre situation qu’elle évalue comme dangereuse, elle s’empresse de m’enserrer dans ce lien de telle sorte que mes mouvements en sont sérieusement entravés.

De toute évidence, je lui ai laissé toute latitude pour agir à sa guise, selon sa propre sensibilité… J’ai longtemps cru en ses compétence de protection et m’en suis remise à elle. 

Ce qui s’est avéré être une erreur, si j’en juge par tout ce dont je suis privée « par peur »…

Puis enfin j’ai compris qu’il me fallait reprendre le pouvoir…

C’est forte de cette certitude que je suis partie pédaler, ce matin.

Mon circuit m’emmenait tout d’abord à St P; 

Je pars, pleine d’entrain, les muscles au taquet…

J’arrive à la bifurcation vers St P; là, une pancarte annonce un … DANGER! (car la route vient d’être gravillonnée).

Aussitôt, je sens Thérèse qui s’agite et tire sec sur sa corde; voilà la sensation de paralysie qui pointe son nez, assortie d’images de scénarios catastrophes toutes plus flippantes les unes que les autres!!! 

Courageusement, je ne m’en laisse pas conter et prononce bien clairement, d’une voix ferme et autoritaire « ta gueule, Thérèse! », j’ajoute même pour la rassurer « je gère »…

Instantanément, la tension en moi se relâche. Les images s’évaporent…

Au bout du compte, j’ai pu descendre sereinement cette route « dangereuse »; oh bien sûr, comme je l’avais promis à Thérèse, j’ai géré: vitesse adaptée, attention à son maximum pour éviter tout dérapage intempestif, bref je n’ai pas fanfaronné mais je suis arrivée à destination sans que Thérèse ne se manifeste; elle est juste restée silencieuse… et moi, sereine…

Conclusion: ma peur n’a qu’à bien se tenir si elle ne veut pas être rappelée à l’ordre sans autre forme de procès par un tonitruant « ta gueule, Thérèse! » …

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